Le 23 décembre 2014, le verdict tombe : Magnotta est condamné à
perpétuité pour le meurtre de l’étudiant chinois Lin Jun. Le lendemain,
pour la soirée du réveillon, j’ai regardé à la télé le film
Le Père Noël est une ordure,
un classique comique du cinéma français. Quelle étrange coïncidence!
J’ai souvent vu et revu avec plaisir le film et la pièce sortis dans les
années 80. Un bon film est toujours intéressant à revoir plusieurs fois
au cours de la vie. À chaque fois, la perception qu’on en a est
différente en fonction de la maturité acquise et de l’évolution de la
société.
Le père Noël est une ordure se passe au temps
où le numérique n’existait pas encore dans la vie quotidienne.
L’histoire est simple : le soir de Noël, dans un appartement parisien,
des bénévoles assurent la permanence d’une ligne téléphonique de SOS
Détresse, et sont perturbés par l’arrivée de plusieurs personnages
marginaux et farfelus, pour être emportés ensuite dans une spirale de
péripéties rocambolesques qui se terminent par la mort accidentelle d’un
innocent. Pour se débarrasser du cadavre, le « Père Noël », assisté de
sa copine Zézette, s’installe dans la cuisine et découpe le corps en
morceaux qu’ils emballent ensuite dans des paquets cadeaux. Puis la
bande va joyeusement offrir les paquets aux animaux carnivores d’un zoo.
Comme c’est de l’humour noir et non un film d’horreur, la scène de
démembrement n’est pas montrée mais on grince quand même des dents en
s’imaginant la scène. Pris par l’action du film et les personnages
déjantés, je comprends que jadis on riait de bon coeur de cette fin
plutôt grotesque. Mais le 24 décembre 2014, un gros malaise s’est emparé
de moi en regardant la finale de cette histoire. Le film a perdu à tout
jamais une partie de son innocence.
Le soir du 31 décembre, après le
Bye Bye 2014 plutôt réussi cette année malgré quelques lourdeurs, le film
Cruising bar
a été diffusé. Il s’agit cette fois-ci d’un classique comique du cinéma
québécois que j’ai vu aussi plusieurs fois depuis sa sortie en 1989.
Quatre hommes, interprétés avec brio par Michel Côté, se prépare chacun
de leur côté pour une soirée de drague dans les bars. Tout comme
Le Père Noël est une ordure,
l’action se passe avant l’ère numérique. À cette époque-là, on était
obligés de sortir dans les bars et de se confronter à l’humain pour
faire des rencontres. Dans le
Bye Bye, on rit des travers de notre société et de notre culture. Dans
Cruising Bar,
on rit des travers de la nature humaine par le biais de quatre
personnages caricaturaux : narcissisme, toxicomanie, infidélité
compulsive, inadaptation sociale. Et au-delà de ces travers sociétaux et
humains, il y a ce perpétuel désir de plaire et d’être aimé qui résulte
d’une grande solitude et d’un vide intérieur que même –et surtout pas–
les réseaux sociaux aujourd’hui n’ont encore réussi à combler.
Je suis curieuse de revoir dans 25 ans les films
Le Père Noël est une ordure et
Cruising bar pour en avoir une nouvelle vision, meilleure ou pire… Je vous en reparlerai!