samedi 3 janvier 2015

"Magnotta est une ordure" et "Cruising Bye Bye" : télé des Fêtes


        Le 23 décembre 2014, le verdict tombe : Magnotta est condamné à perpétuité pour le meurtre de l’étudiant chinois Lin Jun. Le lendemain, pour la soirée du réveillon, j’ai regardé à la télé le film Le Père Noël est une ordure, un classique comique du cinéma français. Quelle étrange coïncidence! J’ai souvent vu et revu avec plaisir le film et la pièce sortis dans les années 80. Un bon film est toujours intéressant à revoir plusieurs fois au cours de la vie. À chaque fois, la perception qu’on en a est différente en fonction de la maturité acquise et de l’évolution de la société. Le père Noël est une ordure se passe au temps où le numérique n’existait pas encore dans la vie quotidienne. L’histoire est simple : le soir de Noël, dans un appartement parisien, des bénévoles assurent la permanence d’une ligne téléphonique de SOS Détresse, et sont perturbés par l’arrivée de plusieurs personnages marginaux et farfelus, pour être emportés ensuite dans une spirale de péripéties rocambolesques qui se terminent par la mort accidentelle d’un innocent. Pour se débarrasser du cadavre, le « Père Noël », assisté de sa copine Zézette, s’installe dans la cuisine et découpe le corps en morceaux qu’ils emballent ensuite dans des paquets cadeaux. Puis la bande va joyeusement offrir les paquets aux animaux carnivores d’un zoo. Comme c’est de l’humour noir et non un film d’horreur, la scène de démembrement n’est pas montrée mais on grince quand même des dents en s’imaginant la scène. Pris par l’action du film et les personnages déjantés, je comprends que jadis on riait de bon coeur de cette fin plutôt grotesque. Mais le 24 décembre 2014, un gros malaise s’est emparé de moi en regardant la finale de cette histoire. Le film a perdu à tout jamais une partie de son innocence.

      Le soir du 31 décembre, après le Bye Bye 2014 plutôt réussi cette année malgré quelques lourdeurs, le film Cruising bar a été diffusé. Il s’agit cette fois-ci d’un classique comique du cinéma québécois que j’ai vu aussi plusieurs fois depuis sa sortie en 1989. Quatre hommes, interprétés avec brio par Michel Côté, se prépare chacun de leur côté pour une soirée de drague dans les bars. Tout comme Le Père Noël est une ordure, l’action se passe avant l’ère numérique. À cette époque-là, on était obligés de sortir dans les bars et de se confronter à l’humain pour faire des rencontres. Dans le Bye Bye, on rit des travers de notre société et de notre culture. Dans Cruising Bar, on rit des travers de la nature humaine par le biais de quatre personnages caricaturaux : narcissisme, toxicomanie, infidélité compulsive, inadaptation sociale. Et au-delà de ces travers sociétaux et humains, il y a ce perpétuel désir de plaire et d’être aimé qui résulte d’une grande solitude et d’un vide intérieur que même –et surtout pas– les réseaux sociaux aujourd’hui n’ont encore réussi à combler.

     Je suis curieuse de revoir dans 25 ans les films Le Père Noël est une ordure et Cruising bar pour en avoir une nouvelle vision, meilleure ou pire… Je vous en reparlerai!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire