samedi 24 janvier 2015

Le linge ancien revisité... et dépoussiéré

"Le linge ancien revisité" de Sylvie Perrot-Humbert



Coup de coeur sentimental 
de la bibliothécaire!

  
Il est surprenant de voir comment un livre, au détour d'un chemin, peut  dépoussiérer des souvenirs ensevelis et nous replonger dans la fraîcheur d'une enfance perdue, et par le fait même, nous remémorer un être cher disparu, dans ce qu'il avait d'unique et de précieux. Et pas besoin d'un roman écrit par un Prix Goncourt avec des personnages plus vrais que nature ou des images littéraires à transporter l'imaginaire. Non, un simple livre d'artisanat peut avoir ce pouvoir de nous connecter tout à coup à nous-mêmes.

Ma mère adorait le linge ancien et les dentelles qu'elle dénichait dans les brocantes, et j'ai grandi dans un univers de draps, en lin ou coton, repassés et amidonnés, de chemises de nuit "de grand-mères" ornées de monogrammes, de piles de linge plié à la perfection dans les armoires, le tout parfumé par des sachets de lavande brodés de dentelle. Tout un art de vivre qui à l'époque était ordinaire, et se transmettait de mère en fille... jusqu'à l'arrivée de notre génération Ikéa...

L'auteure de ce livre partage son amour du beau linge ancien en lui donnant une nouvelle vie: housse de couette, bas de porte, panière, manique, mules, abats-jour, etc. C'est une belle manière de réintégrer ces tissus nobles dans notre vie quotidienne et de garder ainsi proche de nous l'âme de nos mères et grand-mères.




"Le linge ancien revisité" 
de Sylvie Perrot-Humbert
Paris : Eyrolles, 2014.





"Generation Ikea... give it to me now, give it to me for a buck, I don't care how well it's made or how long it will last."
~ jacksonlalonde

vendredi 16 janvier 2015

#JaiMonVoltaire : de Charlie à Voltaire

#JaiMonVoltaire
     Alors que les 3 millions d'exemplaires du Charlie Hebdo publiés le mercredi 14 janvier se sont vendus comme des petits pains chauds, un autre ouvrage est aussi au bord de la rupture de stock: "Le traité sur la tolérance" de Voltaire, qui a servi comme étendard à la grande marche républicaine du 11 janvier. Et drôle de hasard, un ami en France nous avait offert un exemplaire l'automne dernier suite aux attentats terroristes au Canada. Alors que tout un chacun s'affiche sur les réseaux sociaux avec son "Charlie" #J'aiMonCharlie, je préfère m'afficher avec mon "Voltaire".
 
     Publié en 1763, Voltaire y prend la défense de Jean Calas, un protestant condamné à mort. Il était faussement accusé d'avoir assassiné son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Voltaire plaide pour le respect des croyances et l'esprit de tolérance, s'attaquant au fanatisme religieux, surtout celui des Jésuites.

     De Voltaire à Charlie, du 18e siècle au 21e siècle, les problèmes de fanatisme n'ont pas beaucoup évolué et on assassine encore injustement au nom des religions. Ce classique, lu et étudié dans les écoles françaises, n'est pas vraiment un traité mais plutôt un chef-d'œuvre de la philosophie des Lumières, racontant une histoire d'intolérance religieuse. Il pousse le lecteur à réfléchir et à tirer ses propres conclusions.
"La tolérance n'a jamais excité de guerre civile, l'intolérance a couvert la terre de carnage."
     La tolérance est une vertu essentielle pour vivre en paix dans notre société.

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 Voltaire. L'affaire Calas : traité sur la tolérance. Paris : le Livre de Poche, 2009.

mardi 13 janvier 2015

Je suis Marianne

Fierté: la 4e valeur républicaine, en l'honneur d'un peuple fier qui s'est tenu debout face au terrorisme.

  
Témoignage de mon père suite à la marche républicaine du 11 janvier 2015 en France: 
Hier j'étais tout bêtement fier d'être français, ces défilés me rappelant la liesse avec cette mixité spontanée des participants que j'avais trouvée lors du défilé auquel j'avais participé à la Libération en 1944 (c'était à Bayonne). À cette époque il s'agissait des nazis : ma grand-mère quand elle entendait Hitler à la radio lorsqu'il n'était encore que chancelier nous appellait Daniel et moi et nous disait : écoutez bien c'est la voix d'un fou. On ne comprenait évidemment rien à ce qu'il gueulait.
Maintenant il s'agit d'intégristes islamistes (tout aussi fous, je le dis à la place de ma grand-mère): dans les deux cas il faut éliminer tant les combattants idéologues que leur doctrine ce qui est le plus difficile.
 J'espère qu'à partir d'aujourd'hui nos médias et nos hommes politiques vont enfin :
  •   Parler clair : appeler un chat un chat en évitant des formules alambiquées donc incompréhensibles qui visent à ne froisser personne
  • Accepter les statistiques nécessaires mais actuellemnt interdites parce que "discriminantes"
  • Traquer, intercepter et neutraliser les terroristes clairement identifiés, en particulier nos ressortissants qui reviennent tranquillement d'un stage au Yemen ou en Syrie.
Qu'ils se souviennent de Munich où la recherche d'un compromis lâche et veule a entraîné un drame planétaire au cours duquel les braves paysans du Texas ont dû prendre les armes pour venir à notre secours.

dimanche 11 janvier 2015

Une pilule d'art

Kim Novak, Vertigo, 1958

Coup de coeur de la bibliothécaire!

Rayon Art
Section Mieux vivre

"Art et thérapie
d'Alain de Botton et 
John Armstrong

N'avez-vous jamais ressenti un sentiment de bien-être et d'apaisement en regardant un beau tableau? Êtes-vous déjà sorti d'une exposition le coeur heureux et avec la sensation d'avoir nourri votre âme? L'auteur, Alain de Botton, explique comment l'art peut être un outil thérapeutique permettant de mener une vie plus épanouie. Les sept fonctions possibles de l'art sont de susciter le souvenir, l'espoir, gérer la douleur, rechercher l'équilibre, aider à mieux se comprendre et à développer la capacité à apprécier. L'art peut guérir de nos maux et fortifier nos vertus.

Et pourquoi ne pas organiser des expositions selon une visée thérapeutique? L'accent serait mis non pas sur la chronologie, l'esthétique ou la provenance des oeuvres, mais plutôt sur les émotions suscitées par les oeuvres ("Compassion", "Douleur", "Peur", "Amour", etc.) ou sur la connaissance de soi ("Cultiver sa patience", "Exprimer sa tristesse", etc.). Un point de vue inédit qui pourrait toutefois agacer les puristes de l'art.


De Botton, Alain; Armstrong, John. Art et thérapie. Paris : Phaidon, 2014

mercredi 7 janvier 2015

Ne tirez pas sur les auteurs!



Ne tirez pas sur le pianiste! 
Ne tirez pas sur le messager! 
Par pitié, épargnez nos auteurs! 

En tant que bibliothécaire au traitement documentaire, je côtoie des auteurs et illustrateurs à longueur de journée. Au fil de leurs œuvres, ils deviennent aussi familiers que de bons amis qu'on rencontre de temps en temps. L'analyse documentaire d'un livre de Wolinski, Cabu, Charb ou Tignous a toujours été un moment de plaisir pour moi, avec un sourire aux lèvres garanti ;-) Les livres de Bernard Maris, économiste mort aussi sous les tirs, sont plus ardus mais tout aussi important dans la sphère culturelle. À chaque décès d'auteurs (romanciers, artistes, hommes politiques, journalistes, etc.), on doit mettre à jour un fichier d'autorité qui est une sorte de répertoire de données concernant tous les auteurs. Aujourd'hui, le 7 janvier 2015, après ce tir groupé d'assassinats d'auteurs de caricatures, on est pour le moins secoué de perdre autant d'"amis" en quelques secondes. Il n'y a pas de violence dans le monde culturel à part dans l'imaginaire des créateurs. Les mécontentements ne vont pas au-delà des prises de bec et des bouderies. En tuant ces célèbres et emblématiques caricaturistes qui ont fait rire les Français et qui font partie de leur vie depuis belle lurette, les terroristes touchent la France au plus profond de ses entrailles. Au-delà du Français moyen, ce sont les mondes de l'art, de l'humour, des lettres, de l'édition et de la politique qui sont directement atteints, en plus bien sûr des malheureuses familles de ces victimes de l'intégrisme islamique. Il y a 12 morts, 3 terroristes en cavale et 65 millions de Français blessés sans compter les expatriés comme moi. Ces artistes sont morts pour avoir fait rire la France et ils méritent le deuil national. Souhaitons ardemment que ce raz de marée de solidarité et d'émotion collectives soit assez puissant pour mettre fin à tout jamais à cette guerre mondiale (3e dans l'Histoire) contre le monde véreux et obscur de l'intégrisme islamique. Je suis sidérée par ce concept du mal qui corrode les intégristes et par leur génie machiavélique à trouver toujours de nouvelles cibles pour ravager en masse l'âme et le coeur humains. 

Voilà, c'était le cri de désespoir d'une bibliothécaire qui rêve d'un monde aussi paisible qu'une bibliothèque... tant que ce lieu ne devient pas aussi une cible...

samedi 3 janvier 2015

"Magnotta est une ordure" et "Cruising Bye Bye" : télé des Fêtes


        Le 23 décembre 2014, le verdict tombe : Magnotta est condamné à perpétuité pour le meurtre de l’étudiant chinois Lin Jun. Le lendemain, pour la soirée du réveillon, j’ai regardé à la télé le film Le Père Noël est une ordure, un classique comique du cinéma français. Quelle étrange coïncidence! J’ai souvent vu et revu avec plaisir le film et la pièce sortis dans les années 80. Un bon film est toujours intéressant à revoir plusieurs fois au cours de la vie. À chaque fois, la perception qu’on en a est différente en fonction de la maturité acquise et de l’évolution de la société. Le père Noël est une ordure se passe au temps où le numérique n’existait pas encore dans la vie quotidienne. L’histoire est simple : le soir de Noël, dans un appartement parisien, des bénévoles assurent la permanence d’une ligne téléphonique de SOS Détresse, et sont perturbés par l’arrivée de plusieurs personnages marginaux et farfelus, pour être emportés ensuite dans une spirale de péripéties rocambolesques qui se terminent par la mort accidentelle d’un innocent. Pour se débarrasser du cadavre, le « Père Noël », assisté de sa copine Zézette, s’installe dans la cuisine et découpe le corps en morceaux qu’ils emballent ensuite dans des paquets cadeaux. Puis la bande va joyeusement offrir les paquets aux animaux carnivores d’un zoo. Comme c’est de l’humour noir et non un film d’horreur, la scène de démembrement n’est pas montrée mais on grince quand même des dents en s’imaginant la scène. Pris par l’action du film et les personnages déjantés, je comprends que jadis on riait de bon coeur de cette fin plutôt grotesque. Mais le 24 décembre 2014, un gros malaise s’est emparé de moi en regardant la finale de cette histoire. Le film a perdu à tout jamais une partie de son innocence.

      Le soir du 31 décembre, après le Bye Bye 2014 plutôt réussi cette année malgré quelques lourdeurs, le film Cruising bar a été diffusé. Il s’agit cette fois-ci d’un classique comique du cinéma québécois que j’ai vu aussi plusieurs fois depuis sa sortie en 1989. Quatre hommes, interprétés avec brio par Michel Côté, se prépare chacun de leur côté pour une soirée de drague dans les bars. Tout comme Le Père Noël est une ordure, l’action se passe avant l’ère numérique. À cette époque-là, on était obligés de sortir dans les bars et de se confronter à l’humain pour faire des rencontres. Dans le Bye Bye, on rit des travers de notre société et de notre culture. Dans Cruising Bar, on rit des travers de la nature humaine par le biais de quatre personnages caricaturaux : narcissisme, toxicomanie, infidélité compulsive, inadaptation sociale. Et au-delà de ces travers sociétaux et humains, il y a ce perpétuel désir de plaire et d’être aimé qui résulte d’une grande solitude et d’un vide intérieur que même –et surtout pas– les réseaux sociaux aujourd’hui n’ont encore réussi à combler.

     Je suis curieuse de revoir dans 25 ans les films Le Père Noël est une ordure et Cruising bar pour en avoir une nouvelle vision, meilleure ou pire… Je vous en reparlerai!